Miniature de l’émission La Table Ronde des Experts avec les trois intervenants et l’inscription « Pensez comme les cybercriminels pour ne pas être une victime », illustrant l’impact des tests Red Team sur la cybersécurité et la sensibilisation des comités

Red Team : comment ces tests d’attaque réveillent les comités exécutifs et renforcent la cybersécurité

Publié le
31 October 2025
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Dans un monde où les cyberattaques se font de plus en plus sophistiquées, la Red Team n’est plus rien d’autre qu’un simple outil technique, mais un réel levier stratégique capable de réveiller les comités exécutifs et transformer la cybersécurité en priorité pour toute entreprise. Lors de notre Table Ronde des experts de RISKINTEL Media, praticiens et responsables de sécurité ont partagé leur expérience sur l’impact concret de ces tests d’attaques simulés.

La Table Ronde des Experts / Photo : David Marmier

Qu’est-ce qu’une Red Team ?

Origines et comparaison avec le pentest

Le concept de Red Team tire ses origines de l’art militaire. Pendant des siècles, les généraux utilisaient des équipes qui simulaient leur ennemi pour tester leurs tactiques et anticiper les mouvements de l’adversaire. Dans le domaine de la cybersécurité, la compagnie Red Team joue le même rôle : elle incarne la figure de l’attaquant et teste la résilience de l’organisation.

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Contrairement au pentest classique, qui se concentre sur des vulnérabilités techniques ponctuelles dans un périmètre défini, la Red Team prend ici une approche globale protocolaire. Au-delà des systèmes, elle s’intéresse aussi aux processus, aux employés et à la capacité de réaction à un incident.

"L'idée est de savoir, si un acteur malveillant voulait s'en prendre à une entreprise, comment il le ferait ? Le but est d'arriver à reproduire ces actions avec ses méthodes d'acteurs malveillants et de ne pas se mettre dans la peau d'un consultant en sécurité qui viendrait faire des tests techniques", explique Arthur Vieux, responsable Red Team de XMCO.

Olivier Stassi, RSSI du groupe BpiFrance, complète :

"On n'est pas si invulnérable qu'on ne le croit. Quand on fait des pentest, on s'assure qu'une porte ou une fenêtre donnée est bien fermée, mais finalement, on a laissé le vasistas ou la trappe du chat ouverte. C'est par là que les acteurs malveillants vont passer."

L’approche globale de la Red Team

La Red Team a pour but de trouver tous les chemins possibles pour pénétrer les systèmes et rester indétectée. L’objectif n’est donc pas uniquement de trouver des vulnérabilités, mais aussi d’évaluer la capacité de l’entreprise à détecter et répondre à une attaque. Le rapport final met en avant les faiblesses dans la détection et la réponse, et pas seulement les failles techniques.

Quand l’humain devient la faille principale

Social engineering et accès physique

Une part importante des réussites de la Red Team repose sur l’humain.  

"Il peut y avoir de l'accès physique, par exemple, du crochetage de serrure", précise Florent Gilain, CISO / RSSI d’iBanFirst.
"On se bloque sur le web et le spearphishing, qui parfois échoue. Mais il est souvent souvent plus simple de passer par la porte, de dire à quelqu'un qu'on a oublié son badge ou de rentrer pendant une soirée d'entreprise. Ce sont des techniques moins utilisées par des acteurs malveillants, mais qui révèlent de grosses problématiques", ajoute Arthur Vieux. 

Les trophées et enjeux business

La Red Team cible des « trophées », c’est-à-dire des informations ou systèmes particulièrement stratégiques aux enjeux business de l’entreprise et de son actualité.

"Dans l'immense majorité des missions, on arrive toujours à trouver un, deux ou trois trophées", précise Arthur Vieux. 

Les trophées permettent de mesurer l’impact concret des failles sur le fonctionnement et la réputation de l’entreprise et de prioriser les mesures de sécurité.

Red Team vs Comex : réveiller la prise de conscience

Les comités exécutifs face à la cybersécurité

Les comités exécutifs (comex) n’ont pas la cybersécurité en tête des priorités. Les raisons à cela sont nombreuses : investir dans le domaine de la cybersécurité s’expérimente comme secondaire comparé à des besoins bien plus opérationnels ou stratégiques. Avec un rapport Red Team, il apparait pourtant souvent des défaillances critiques dans le système qui ne peuvent être ignorées.

"Mieux vaut faire appel à quelqu'un qui le fait sérieusement et qui à du cœur à dire : "je suis passé par là, voilà ce qu'on pourrait mettre en place", plutôt que ce soit un hacker ou un état qui rentre discrètement", explique Olivier Stassi. 

Impact concret des audits Red Team

Le rapport présenté au comex permet de débloquer des investissements massifs, en cybersécurité comme en sécurité physique. La Red Team devient ainsi un outil stratégique pour sensibiliser les dirigeants et renforcer la résilience globale.

Coût et limites des Red Teams

Coût et durée des missions

Une mission de Red Team coûte plus cher qu’un pentest classique : elle peut atteindre en moyenne 50 000 euros, contre environ un cinquième pour un pentest standard. Les missions durent généralement 50 jours, ce qui explique l’investissement, mais complique leur accès pour les petites structures.

"Qui peut payer ça ? Surtout sur les petites structures", souligne Florent Gilain. 

La Table Ronde des experts / Photo : David Marmier

Limites éthiques et légales

La red team est effectivement contraignante par des aspects légaux et éthiques, ses membres ne peuvent pas agir avec la même libre volonté que l’attaquant malveillant. Cela dit, son efficacité dans la détection des failles organisationnelles et humaines est très élevée.

Recommandations pour les entreprises et le comex

Fréquence idéale ou alternatives

Dans un monde idéal, une entreprise serait en Red Teaming continu, mais le coût reste un frein. Des alternatives complémentaires existent : purple teaming, exercices continus, bug bounty... Ces approches permettent de sécuriser les systèmes d’information tout en maîtrisant le budget.

Actions concrètes pour le comex

Pour transformer cette prise de conscience en action :  

  1. Exiger des tests qui évaluent l’organisation et pas seulement les systèmes.  
  2. Mesurer des KPI opérationnels : temps de détection, temps de remédiation, nombre de trophées accessibles.
  3. Adopter une approche progressive : commencer par des audits ciblés et compléter par des exercices réguliers selon les budgets.

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La Red Team n’est pas un simple test technique. C’est un levier stratégique pour réveiller le comex, sensibiliser à la cybersécurité et améliorer la résilience globale de l’entreprise. L’investissement dans ces audits, bien que coûteux, rapporte bien au-delà du budget engagé, en permettant de transformer la prise de conscience en action concrète et mesurable.

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Emilien Pau
RISKINTEL Media journalist